R. ◮ we have had the time of our lives.

NEVER LET ME DOWN.

Aïe ! Le coup était bien placé, en plein sur les côtes. Le beau brun était plié en deux, et il trouva la volonté de percuter l'adversaire. Il enchaîna les droites avant d'être arrêté par un mec, qui le stoppa en le claquant contre un pilier. Comment cette bagarre avait-elle éclaté ? Dean en était-il le responsable ? Peut-être un peu. Il obligea le mec à se reculer, seulement ce dernier le bloqua net. Dean le cogna, avant d'être méchamment tapé en traître, par l'autre. À terre, il endura le « lynchage » et termina par être sauvé, alléluia. Mal en point, sonné, il râla entre ses dents, prêt à retourner à l'intérieur et à prendre sa revanche. Il ne l'avouera guère, cependant il la remerciait de l'avoir tiré de cette galère. Posé sur le trottoir, la tête entre ses mains, il la releva lentement. La belle le réprimanda quelque peu, sortant un mouchoir qu'elle utilisa à bon escient. - Ce n'est rien. Il reprenait peu à peu contact avec la réalité, se rendant compte qu'il avait encore déconné, se rendant compte qu'il avait tout gâché, se rendant compte qu'il avait un comportement inadéquate pour un mec qui sortait de taule. La règle en sortant de ce genre d'endroit, était d'adopter le modèle de citoyenneté. Il regarda la brunette du coin de l'œil, comme désolé d'être irrécupérable. - J'te dépose ? Il se comportait comme le dernier des téméraires, pensant être capable de reprendre le volant. En était-il réellement capable ? Il en avait l'air. En se levant, il se tenait la côte, la main délicatement posée sur la douleur. Franchement, il serait sage qu'il se contente de prendre le siège de droite. En prime, il serait sage qu'il arrête de regarder le décolleté de mademoiselle Deaver. Cependant, le pauvre comprenez-le, il avait rarement croisé une paire de seins en taule et sincèrement, il était en manque. Il n'était qu'un homme, avant tout et même avec la côte qui le martyrisait, le bougre était en phase d'être rangé à la même enseigne qu'un mateur. Encore sur ses pattes, il chercha sa bagnole. Elle l'attendait patiemment à l'autre bout. Petit bémol, un mec squattait tranquillement le capot de cette dernière. Dean arriva à sa hauteur, l'air grave. - Hé, bouge de ma voiture. Le mec s'en moquait de ce que racontait Dean, ce qui avait le don de l'énervait. Il s'approcha de l'idiot, l'empoignant. - T'es sourd ?! Tu bouges de ma voiture. Maintenant ! Demanda-t-il à nouveau, en articulant et en l'écartant. En le relâchant, il manqua de l'envoyer contre une autre bagnole. Nan, Dean ce n'était en rien le moment de péter un câble, d'être en proie à ta propre colère. Il se contenta de le regarder méchamment, uniquement pour l'intimidé et bilan, le mec se barra sagement. Dean rentra à l'intérieur de la Challenger, gardant la portière ouverte. - Tu montes ? Il tenta un petit sourire, remarquant le mécontentement de la belle. Comment comptait-il rouler ? Il se tenait encore cette même côte, semblant à côté de la plaque, sonné. Était-il imprudent à ce point ? Capable de commettre la même erreur ? Il tourna la tête sur la droite, regardant le siège. Il pensa spontanément à Dawn. Il claqua doucement la portière, allumant machinalement l'autoradio. Sur un thème de Depeche Mode, il démarra le contact. Petit détail, il adorait ce groupe, pop électronique.

NEVER LET ME DOWN.

- Tu veux m'apprendre à me détendre ? Demanda-t-il tout naturellement, cependant le côté équivoque de sa phrase en émanait. Elle s'approcha, ouvrant cette portière qu'il venait de claquer. Elle se pencha. Aïe aïe aïe, quel spectacle ! Dean pensa à se donner une claque, rêvait-il encore ? Ô stupeur, il était bel et bien réveillé et conscient de la scène, conscient qu'il serait mieux de monter à l'étage supérieur. Le regard de la belle était tout autant agréable à lorgner. - Je t'en prie, arrête de te pencher de la sorte. C'est extrêmement inhumain de ta part. Elle le tira à l'extérieur de la voiture. - Eh ! Évidemment, il râla tout en contournant la Challenger. Il remarqua une marque sur le capot noir. Seigneur Dieu ! Heureusement que l'autre abruti avait décampé, car il serait mal barré à l'heure qu'il était. Dean tira une de ces têtes, mécontent. Il posa l'arrière-train sur le siège de droite, claqua la portière et boucla sa ceinture, comme un grand. En chemin, il chercha à se détendre comme elle lui avait conseillé, elle était bien la seule nana qu'il écoutait, peut-être avec sa sœur. Garée, elle se tourna avec un drôle de petit sourire. Il aimait tout particulièrement ce genre de sourire, et la phrase qui le succédait. Dean retira sa ceinture, la ceinture de sécurité hein ?! Indubitablement. La sienne ornait encore le pantalon de monsieur. - Je veux bien te croire. Par contre, ta manière de sourire a un côté sérieusement indécent. Un petit sourire en coin se nicha. - J'accepte. Il quitta l'habitacle de la voiture, marchant aux côtés de la belle. Il attendit qu'elle ouvre la porte, tout en s'appuyant contre le mur. Il la détailla pendant qu'elle ouvrait, le regard qu'il avait sur elle, était du genre tendre et protecteur, quoiqu'un peu charmé. Il termina malencontreusement par atterrir sur la croupe de mademoiselle, pendant qu'elle rentrait à l'intérieur de la maison. De nature inatteignable, le déhanché de la brunette l'atteignait radicalement. Le rendant incapable de penser à autre chose. Dean rentra, donnant un rapide coup d'œil autour de lui. Sa côte lui rappela qu'il sortait d'une bagarre et que le douleur était encore présente. Étant un habitué du genre, il se doutait pertinemment que la douleur terminera par se calmer. Cependant, sa gueule d'ange était touchée. Il était ouvert à la lèvre supérieure, il le remarqua grâce au picotement de cette dernière. En zieutant sur sa chemise blanche, il lâcha un espèce de grommellement. Il aurait dû mettre la noire. Il aurait dû mettre de côté cette petite querelle. Le problème, il s'emportait pour un rien. Il marcha un peu, partant de l'autre côté de la pièce, évitant toute proximité avec la belle. À chaque regard, sa beauté terminait par lui sauter violemment à la tête, comme une branche d‘arbre en pleine poire. Il opérait un travail de titan permanent en sa présence. Il tâchait de contrôler cette putain d'appétence, un acte remarquable de la part de cet homme qui en était cruellement entiché. Il s'arrêta, la main sur sa côte, comme pour apaiser la douleur. Il se retourna. - Désolé. Il était régulièrement désolé, désolé de tout et de rien. - Désolé. J'ai un peu déconné, nan ? Et complètement gâché cette soirée. Il se gratta la nuque. Gêné ? Nan, simplement désolé.

NEVER LET ME DOWN.

Elle s'approcha et automatiquement, un petit sourire quelque peu béat s'accrocha à cette bouche, qu'elle toucha délicatement. Il se retenait de s'abandonner à cette attirance. En taule, il songeait régulièrement à elle, repensant à leur rencontre, à certains détails qui le rendaient souriant. En ce moment, il luttait contre lui-même, contre ce qu'elle lui procurait comme sensation, contre la tentation de la serrer tout contre lui. Il la désirait autant de Monica Bellucci. Dean n'était qu'un homme normalement bâti, incapable d'être entièrement détaché à la beauté de l'italienne. Malheureusement, l'italienne était inaccessible et en toute honnêteté, une seule comptait réellement. Il tenait tellement à elle. En rentrant en taule, il craignait de la perdre, qu'elle le regarde comme étant un bon à rien et comme étant le meurtrier de sa sœur. Heureusement, sa « régularité » au parloir démontrait qu'elle tenait encore à lui, même un tout petit peu, qu'elle était encore présente. En l'apercevant derrière le carreau, il se sentait mal, mal qu'elle ne se rendait à cet endroit rien que pour un idiot, un abruti qui au lieu de l'écouter, et d'arrêter le recèle, avait continué à cambrioler. Cependant, il était quand même content de la voir, en décrochant le combiné et en l'entendant, une petite lueur se planquait au coin de l'œil. Présentement, elle prêcha la bonne parole à Dean, recommandant au beau brun de nettoyer cette légère entaille, et de retirer sa chemise. La coquine, pensa-t-il tout en marquant un petit sourire en coin. Elle sautait simplement sur cette opportunité de se rincer l'œil, nan ? Dean s'exécuta à la tâche, retirant sa chemise. La célèbre musique de Joe Cocker aurait idéalement collé à cette scène, cette scène dévoilant les abdominaux que Dean avait solidement entretenu derrière les barreaux. Il s'était sculpté une carrure de dieu grec, se préparant à conquérir la moindre célibataire. Cependant, il y en avait qu'une seule, qu'une seule qu'il convoitait, qu'une seule qu'il enviait et qui était involontairement capable de le captiver, de le rendre complètement raide dingue, mordu. Il la regarda emprunter le chemin de la salle de bain. Sa chemise en main, il marcha derrière elle. Il lui donna le vêtement. - Tu as intérêt d'en prendre soin, c'est… Dean s'arrêta en plein milieu de sa phrase, le dénouement était dur à dire. Sa chemise était tout bonnement un cadeau de Dawn. - C'est un cadeau. Il ne mentionna le prénom Dawn, aimant mieux se taire que de retourner le couteau. Il culpabilisait, il se sentait coupable de l'accident. En étant le conducteur, il avait une part importante de responsabilité, étant peut-être considéré comme responsable aux regards de certains. Passant la porte de la salle de bain, Dean s'installa devant la glace. Il se pencha de manière à inspecter sa lèvre. La glace lui rendait un noble et somptueux spectacle. Mine rien, en se penchant à la machine, la belle avait éveillé un intérêt tout particulier. Dean se désintéressa de sa plaie. Il se consacra uniquement au comble de la beauté, terminant par se retourner. - T'es canon. Déclara-t-il un sourire en coin soutenant sa phrase. Le terme « canon » était à proprement tiré d'un vocabulaire manquant de tact et ne sortait en rien d'une œuvre de Shakespeare. Le terme « superbe » sonnait largement mieux, par exemple. Il aurait aimé se taire, ne rien dire. Il aurait aimé parlé en y mettant un peu de tact, en y mettant un peu de sentiment. Il aurait aimé retirer ce sourire. Il aurait aimé se barrer, se dérober. Cependant, au lieu d'opérer de la sorte il marcha à la rencontre de la belle. Se baissant à sa hauteur, il caressa cette pompette d'une extrême douceur. Par chance - peut-être par malchance, le portable de Dean signala un message. Il s'en empara, le retirant de sa poche arrière. Sa grande sœur. Elle lui répondait un peu tard à un message qu'il lui avait envoyé tantôt. Comme coupé en plein élan, il se demandait ce qu'il s'apprêtait à commettre en s'approchant de la belle. Peut-être une énième erreur, comme l'embrasser. Seulement était-ce réellement une erreur ou un acte délibéré ? - Tu as de l'alcool à 90% et du coton ? Crétin ! Elle était là, l'erreur ! Se dérober, encore et encore. Il se releva, reculant d'un petit mètre. Le portable en main, il le rangea à sa place initiale, tout en reconnectant le regard sur la belle brune.

Wallis entendit les pas de Dean qui la suivait jusqu'à la salle de bain. Ce qu'elle pouvait adorer cette baraque. Enfin de l'espace, des endroits vides. Son appartement était tellement blindé de choses et d'autres. Elle se mit à penser à quel point il fallait qu'elle fasse un tri dans toutes ses affaires qui prenaient de la place pour rien. La jeune femme entra dans la pièce et alluma la lumière au passage. Elle fronça légèrement les sourcils lorsqu'il se mit à lui dire que cette chemise était un cadeau. Elle vit à quel point il semblait perturbé. Elle compris de suite, ce cadeau comme il disait, ne pouvait venir que d'une seule personne, Dawn. Elle regarda un instant le bout de vêtement puis fit mine de penser à autre chose. Mais en réalité, sa sœur était toujours présente avec elle. Wallis pensa à l'erreur qu'elle avait faite, lui présenter Dean. Cette pensée lui semblait affreuse, mais c'était pourtant la réalité. Il a toujours été l'homme dont elle rêvait, et le voir tous les jours avec sa propre sœur a été une souffrance pendant un bon moment. Elle n'en a jamais parlé à personne, ni laisser paraître une quelconque émotion qui aurait pu la trahir. Ça n'aurait pas été juste envers Dawn. Aujourd'hui, tout était très différent. Cela fait maintenant plus de trois ans qu'elle l'a perdu. Et Wallis s'est toujours interdit de penser une seule fraction de seconde qu'elle pourrait récupérer Dean. Mais comme dit précédemment, tout est différent à présent. Le temps a passé. La brunette se baissa donc pour mettre cette fameuse chemise dans la machine, à ce moment là, elle sentit immédiatement le regard de Dean sur elle, il ne s'empêcha d'ailleurs pas de lui faire un compliment. Cru certes, mais qui la fit sourire. Alors qu'elle referma le hublot de l'appareil, le jeune homme se retrouva juste à côté d'elle. Elle ne pu s'empêcher de le regarder de haut en bas. « Tu n'es pas mal non plus tu sais. » Dit-elle tout bas. Alors qu'il s'approcha un peu plus d'elle, son cœur battait à mille à l'heure. Comme lorsqu'on est adolescent et qu'on s'apprête à vivre un premier baiser, ou un premier je t'aime. Le moment où votre cœur bat tellement fort que vous avez l'impression qu'il va littéralement sortir de votre corps, exploser sous la pression. La jeune femme ne pu s'empêcher d'observer la bouche de Dean, celle qui lui faisait envie depuis tellement longtemps. Puis, une alarme retentit. La sortant de ses rêveries. C'était le portable du jeune homme, il se leva et le regarda un instant avant de prendre à nouveau la parole. Elle fronça les sourcils et marmonna. « Du coton? » Elle ne savait même plus ce qu'elle faisait là. Elle se ressaisit finalement en secouant légèrement la tête. « Ah oui du- du coton. » Wallis mit la machine en route et se releva. Il fallait qu'elle reprenne ses esprits. Elle contourna le beau brun, tentant de regarder autre chose que son torse. Puis, elle finit par enfin sortir ce dont il aurait besoin. En se retournant, elle manqua d'échapper le flacon. Elle lui tendit le coton et l'alcool, mais les retira finalement en disant. « Tu veux de l'aide? Je peux être une excellente infirmière. » Ah, le fameux fantasme de l'infirmière.